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2018/09/11/Discours Julia Reda
<ref>https://twitter.com/Senficon/status/1039569587942117376?s=19</ref> Mon discours au parlement européen à propos du vote de demain sur la Directive Copyright :
Chers collègues - Les lois sur le copyright sont un sujet complexe. Concernant le vote de demain, vous recevez de nombreux signaux contradictoires. Voici pourquoi :
Les problèmes que le député européen et rapporteur du projet Axel Voss et la Commission européenne veulent résoudre sont sérieux. Mais ils ne sont PAS causé par des lois sur le copyright. Ce genre de loi ne peut pas ramener les abonnements et revenus publicitaires perdus par les journaux. Si c’est ce problème que nous voulons régler, nous avons besoin d’un régulateur de la publicité sur internet - c’est de cette façon que les compagnies de technologie gagnent de l’argent, et comme cela qu’ils mettent sous pression la presse indépendante.
La vérité, c’est que les articles de presse sont déjà protégés par le copyright. Si des plateformes les utilisent sans payer, ils sont déjà en train d’enfreindre la loi. Ajouter une couche supplémentaire de protection n’y changera rien. Notre proposition alternative permettra aux éditeurs de faire respecter cette loi sans limiter la liberté de poster des liens. La “taxe au lien”, d’un autre côté, a déjà été essayée et abandonnée par le passé. Simplement espérer que cela marchera cette fois n’est pas une solution.
Il est temps que nous redirigions la conversation de ce qu’on voudrait vraiment que ces propositions fassent, à ce qu’elles feront en réalité : Si nous rendons les plateformes directement responsables pour toutes les infractions de copyright de leurs utilisateurs, elles n’obtiendront pas une license pour chaque ayant-droit dans le monde. Mêmes si elles pouvaient tous les trouver, si seulement un d’entre eux refusait de fournir une license, les plateformes devraient inévitablement déployer des filtres de contenu.
Axel Voss et Jean-Marie Cavada soit nient cela, soit essaient de nous convaincre que ces filtres bloqueront uniquement les contenus illégaux. Mais simplement souhaiter que des filtres automatiques sont capables de le faire ne le rendra pas ça vrai pour autant. Tant que les algorithmes ne seront pas assez intelligents pour avoir le sens de l’humour, ils ne seront pas capables de distinguer la parodie de la rupture de copyright.
Si nous voulons que Youtube ou Facebook payent les créateurs, écrivons-le dans la loi, comme le font de nombreux amendements alternatifs provenant du côté gauche de cette chambre. Les filtres de contenu leur donneront juste une excuse pour NE PAS payer. A la place ils vendront simplement leurs filtres à de petites plateformes européennes. Les filtres de contenu sont un danger que mêmes le rapporteur spécial des Nations Unies pour la liberté d’expression David Akaye l’appelle par leur réel nom : de la censure.
Ces propositions peuvent être bien intentionnées, mais elles souffrent d’un décalage avec la réalité. Nous devons nous en tenir à ce que les lois sur le copyright peuvent faire pour soutenir les créateurs - sans essayer de les tordre pour résoudre d’autres problèmes, et sans menacer de droits fondamentaux. C’est ce que mes amendements font. Ce n’est pas ce que veulent les GAFAM, et certainement pas la position officielle du Parti Pirate Allemand. Ils proviennent à l’origine du Comité du Marché Interne du Parlement Européen, et du précédent rapporteur du PPE, et sont soutenus par les plus éminents experts indépendants en matière de copyright. Ce que les Européens attendent de nous est clair : Pas de filtres de contenus. Protégeons les liens sans restrictions. Si nous échouons à le faire, nous risquons de perdre tous les bons éléments de la Directive Copyright qui amèneraient un vrai bénéfice aux créateurs.