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Référence:La rue de St Malo

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Espace Public en Action - la rue de St-Malo à Brest

Des bribes de documents :
Troisième tableau
Espace public en actions
une construction quotidienne.

La rue de St-Malo, porte dans sa modeste centaine de mètres de longueur une histoire riche de sens, qui soulève des enjeux sérieux; questionnant innocemment la définition même de projet urbain.

Au coeur du quartier le plus populaire de Brest, enclavé au fond d'un vallon encaissé, et coincée entre les murs de l'Arsenal, la rue St-Malo et son architecture populaire ont étonnamment survécu aux bombardements de la seconde guerre mondiale.

Lieu interlope pour marins alcoolisés, cherchant de la compagnie, ses dernières maisons sont progressivement abandonnées; avant d'être occupées par des groupuscules néonazis et autres activités louches...

En 1989, s'y installe l'association Vivre la Rue, évitant à de nombreuses reprises, de justesse, la démolition de cette verrue, devenue depuis, symbole.

Utopie concrète, où les actes valent bien mieux que de longs discours. Création et structure éminemment politique mais a-politicienne d'un espace de débat(s).

Mimi: plus qu'une habitante, plus qu'un acteur: une figure...

Nul doute [manque bout de phrase***] que la rue de St-Malo n'aurait jamais pris la valeur de symbole qu'elle semble avoir acquise aujourd'hui; fruit d'un long travail et d'une construction quotidienne souvent laborieuse.

Présence incontournable de cette modeste rue, elle s'est dévouée toute entière à la vie d'un quartier. Sans emploi et considérée comme 'marginale' par une pensée politique normalisante au début de l'aventure; elle a construit progressivement et tout aussi innocemment cette position de figure, Au gré des combats, des rencontres, de la mise en place continue d'un réseau non centralisé de soutiens et de dynamiques.

Elle n'a cesse de répéter qu'elle ne peut qu'aider et surtout pas se substituer au libre arbitre de ceux qu'elle croise, en cherchant plutôt à les aider à construire cette libre-pensée, ce sens critique qui permet de faire société.

Chez Mimi, c'est presque chez tout le monde, sa porte est toujours ouverte à tous ceux qui veulent passer la voir pour échanger quelque chose, d'où qu'ils viennent, qui qu'ils soient. Son salon c'est aussi une salle de réunion, une loge pour les artistes, un point d'accès public à internet. Sa cuisine c'est aussi la cuisine de l'association des Beaux dimanches, celle de Dani aussi, lorsqu'elle prépare ses repas pour les gens 'simples' du quartier.

Chez Mimi, c'est ce paradoxe étonnant qui remet profondément en cause la séparation nette et arbitraire entre espace public et espace privé, vie publique et vie privée...

Un récit, un regard, un projet en actions...

Le Refuge Royal c'est un grand bâtiment qui était à l'emplacement de ce mur qui sépare aujourd'hui la rue de St-Malo du Cours de la Madeleine; il s'agissait d'enfermer les nombreuses femmes débauchées qui arrivaient sur Brest. En entrant, elles étaient marquées au fer rouge de la fleur de lys,'fleurdelisées; elles étaient utilisées pour tanner les voiles pour la Royale.

Dans cet endroit se trouvait la prison d'un côté, l'autre partie était un orphelinat pour recueillir les veuves d'officiers qui n'avaient plus de ressources ou les femmes dont on ne savait plus quoi faire. Le tout était géré par les soeurs St-Thomas de Villeneuve, soeur hospitalières.

L'une des femmes enfermées qui s'appelait la belle Tamisier, était la bru du tambour-major de la ville, donc un poste important (c'était un poste militaire). Ce dernier avait fait enfermer dame Tamisier, là, pour cause de mauvaises moeurs. Nous, nous la voyons plutôt comme une libre penseuse qui a dit : si on m'enferme ici, je ferai mon carnaval – et 10 jours plus tard, après qu'elle a mis le feu, le dimanche de Gras 1784, elle a fait brûler l'édifice.

Ce quartier a toujours été très populaire, de tout temps, jusqu'aux derniers habitants. Il y avait ce qu'on appelle le petit peuple. Ouvriers et marginaux, puisque la rue de Ronchon qui coupe la rue en 2 était une démarcation, car il y avait ceux d'en haut et ceux d'en bas.

En général les familles vivaient dans une pièce, donc c'était très peuplé, en fait. Il y avait pas mal de gens qui picolaient. Il y a aussi quelques photos quand les gens étaient autour de la pompe à eau, c'est là que tout se passait.

Il y avait aussi ce lavoir en haut de la rue 'vachement chouette'. Ils lachaient l'eau du lavoir régulièrement, et elle se transformait en ruisseau […] Il y avait une boulangerie, là où est le 'mille-pattes', maintenant. Il y avait tous les petits commerces de proximité, un charbonnier, mais plus haut dans la rue. Ici, non, seulement le cordonnier en bas.

Monsieur Le Meur qui a vendu le dernier, lui je l'ai bien connu. Il a défendu à coups de canne les toitures de ces deux maisons. Une fois qu'il avait vendu, il revenait là. Il a gardé un petit atelier, qui lui servait en réalité à entreposer ses bouteilles de vin qu'il n'avait pas le droit de boire chez Mme Le Meur.

Peu connu des brestois? Completement inconnu, on n'en parlait jamais, c'était voué à la démolition rapide. En voyant cette rue, c'était un dépotoir incroyable, encombré par des détritus, jusqu'à 10m de déchets.

C'était un peu un lieu malfamé, enfin pas habité hein ! Mais où il se passait que des choses un peu... illégales, tu vois, parce que du fait de son coté caché, c'est là que venaient se faire... dépiautr les bagnoles, euh les mobylettes, enfin tout ca, hein... Euh des réunions, donc, de petits fachos (qui se réunissaient très régulièrement ici, qui gravaient des croix gammées partout... Bon c'était ca quand même! Mais voilà, c'était... Y'avait des pavés, y'avait des murs, y'avait le charme, quand même qui était là!

Alors, ben à partir du moment où j'ai vu cette rue j'ai pas pu m'en défaire, quoi! C'était l'idée que...Y a plein de choses à faire dans cette rue.

Ils voulaient faire des cours de tennis à un moment... Le projet le plus fou aurait...Ca aurait été fantastique! C'était de (heureusement que la Marine est là! Ils ne font pas exprès, hein, de préserver le patrimoine! Mais malgréeux, ils préservent... Ils voulaient combler pour faire un parking pour l'Arsenal!

On m'a toujours***?, qu'ils soient de droite ou de gauche, ils disaient 'c'est une verrue'... Donc une verrue ca s'enleve, quoi.

Déstructions ***
On assistait à ca absolument impuissants puisqu'il y avait plusieurs camions de gardes mobiles, donc on avait été maitrisés, enfin... Donc on n'a pas pu sauver 'le Trou' qu'on devait acheter! On avait négocié avec les propriétaires, on avait trouvé le financement! On voulait en faire un lieu... continuer à être ce qu'il était, c'est à dire un petit bistro de quartier, mais [aussi] faire un café-concert, café théatre enfin tout ca en semaine, quoi! On avait même pensé à une petite épicerie pour les anciens du quartier qui ne pouvaient trop bouger, quoi.

Bon c'était effectivement un endroit qui n'était pas...euh. C'était pas terrible! Et les gens du quartier n'y descendaient absolument jamais!

Bon pour moi,euh, pour faire découvrir un lieu, rien de mieux que de faire une fête dans ce lieu là.

On a fait pas mal de résistance, et on faisait des concerts déjà tous les dimanches après midi la dedans […] Et... Y'avait pas que ca! Y'avait des ateliers d'artistes, y'avait des tas de choses... Y'avait un bar associatif qui était ouvert tous les jours... Et donc on a pu négocier la rue de saint Malo.

Mais non, Voilà. Ce qu'il y a, c'est qu'une association ca a du pouvoir quand elle veut! […] Donc on a pu quand même travailler, mais pendant 10 ans, on faisait des fêtes, on faisait des festivals, des trucs qui marchaient bien... Mais on était sur la défenssive tout le temps, quoi! Tout le temps, tout le temps, c'était très conflictuel!

Par exemple, en 93, ils étaient, c'était très dur! Là ils démolissaient! Donc on passe, euh. On était 12 à habiter là, déclarés, tout ca... Donc 12 squatteurs. Il y avait une compagnie de théatre qui y habitait, enfin bon... Il y avait pas mal de choses qui se passaient, c'était très vivant.

Ils ont bien vu que s'était impossible, qu'ils pouvaient pas. Et nous, on a réintégré dès le soir de ce truc là (convoqués au tribunal - arrivée des palissades chantier interdit au public – 40-50 personnes restent dans la rue).

On a sans doute fait une fête ici pour marquer le coup quoi! Comme si à chaque fois, la réaction était la fête, même dans les moments difficiles.

Mais en même temps qu'on faisait tout ca, qu'on se battait, qu'on était en conflit tout ca, il y a quand même des gens. Des 'gens' de la ville, et tout ca – qui ont remarqué quand même qu'on faisait un bon boulot, puisque les fêtes se succédaient, elles étaient toujours...Il y avait du monde, enfin pas autant que maintenant pour les Beaux Dimanches par exemple, mais quand même, ca avait un bon succès, jamais de conflits! Enfin là pas de conflits, pas de bagarres, je veux dire...Là où on disait qu'on était des violents, des dealers et tout ca, on se rendait compte que ca marchait bien, que c'était bien géré. On envoyait le service d'hygienne qui constatait qu'on était rentré dans des lieux insalubres qu'on avait rendus au contraire très habitables.

Mais, voilà, c'est parce que nous on avait un esprit d'aller... d'être bien avec les gens du quartier, on voulait leur faire plaisir!

LA rue de Brest, parce que, bon, maintenant les gens se promènent ici, mais quelque fois, même quand il n'y a rien, hein! Hier, t'as vu le nombre de gens Karine? On était là, en train de bosser, la fenêtre ouverte, et c'est le défilé constant quoi, de personnes qui se promènent, qui visitent, qui amènent des gens visiter, qui dès qu'ils recoivent quelqu'un dans leur famille, qui habite à l'extérieur, des amis qui viennent en visite... Mais tous maintenant, tous les Brestois amènent. Les amènent ici! Donc ca devient la rue de référence, Maintenant, grâce à l'association Vivre la Rue et tout ce qu'on a fait avec les artistes, tout le travail qu'on a fait avec des centaines et des centaines d'artistes, la Rue, elle est connue partout en france! Partout! Tous les artistes, parce que ca voyage un artiste, n'est ce pas, ca parle, et puis ca dit 'ouais, tient on a été dans un lieu super qui s'appelle la Rue de St-Malo' ca fait qu'il y a plein de gens, quand ils entendent 'Brest', ils ne connaissent que la rue de St-Malo!

...qui est voilà, une référence... Ouais ben les fêtes, les Beaux Dimanches ils sont connus partout, vraiment. Mais on n'a pas travaillé pour qu'ils soient connus comme ca, on voulait simplement faire plaisir aux gens, voilà... Faire de belles fêtes où les gens se mélangent bien, où il y a de vrais échanges entre les générations, entre les groupes sociaux, enfin qu'il n'y ait pas un lieu... enfin on n'aurait pas fait de concert pour faire des concerts.

C'était intéressant de faire venir des artistes, parce que bon, ils ont quand même une humanité, et qu'on sait que des pratiques artistiques sont facteur d'intégration, ben aussi sociale! Donc c'était amener des tas de gens dans le même lieu, de tous ages, et de leur donner un moment de bonheur... C'était ca notre but, et ca le reste d'ailleurs, c'est toujours ce but là.

Nous on veut réunir tout ca pour que tous ces gens là ils viennent en même temps et qu'ils apprennent à se regarder, à se côtoyer et à découvrir ce que l'autre aime bien. Et puis aimer c'est peut être ca aussi. Parce que les gens ont des a priori sur les... tellement d'a priori...

'C'est vrai qu'il y a beaucoup de gens avec des chiens et tout ca, des punks, mais Rue St-Malo, on n'a aucune appréhension'; personne n'a peur...

Quand on parle des gens qui sont des routards, des sans abris, c'est vrai qu'ils viennent avec des chiens et tout ca, mais comme ils font partie de notre société, on ne va pas les jeter! C'est ce que j'ai dit à mes voisins, tu vois, qui trouvent que ca donne une mauvaise image... Je leur ai dit mais ces gens là existent! C'est le produit... c'est notre société, c'est le produit de ce qui se passe, ce sont des gens qui sont en souffrance! On ne va pas dire à des gens en souffrance, 'on ne veut pas de vous ici', si on veut mettre un climat de violence, on le fait, quoi! Par contre, si on les recoit bien, si on est content de les voir... Là ca change tout parce qu'ils ne posent pas de problèmes, ces gens là... même s'ils sont là, bon c'est vrai, ils ont leurs dégaines et tout, mais s'ils sont dans cet état là, aussi alcoolisés et tout ca, c'est aussi qu'ils sont en souffrance! On n'as pas le droit de refuser des gens qui sont... surtout que c'est gratuit, c'est une rue, c'est public!

Au départ ils s'installaient quelquefois, à côté des gosses: ca j'allais souvent leur dire 'ne vous installez pas à côté des gosses, vous avez des bouteilles, il n'est pas question de ca Jusqu'à ce qu'ils trouvent leurs coin, qu'ils s'installent, et qu'ils ne posent plus aucun problèmes. Ces gens là, c'est à dire que chaque fois qu'ils venaient ici; on allait leur dire bonjour, on montrait... On leur demandait comment ils allaient...et nous, on n'a jamais eu un problème avec eux.

C'est à dire, Moi, j'ai jamais eu un problème en disant 'est ce que vous voulez bien attacher votre chien, parce que ca peut poser...' là, tout de suite ils attachent leur chien... et puis, bon, ce sont tous pour la plupart de très jeunes gens, ce sont presque des mômes quoi! Et on n'a pas à rejeter ces gens là, au contraire! Faut leur ouvrir plus grand les bras qu'aux autres encore, par ce qu'ils sont plus dans la souffrance et ils ont, voilà Ils ne sont pas responsables de ce qui leur arrive.

Il n'y a pas une seule fête, depuis la création de Vivre la Rue – c'était il y a 18 ans – où on a fait intervenir les forces de d'ordre! Jamais, ben non, parce qu'on gère ca... on gère ca en amont. On ne débarque pas le dimanche matin pour dire 'hum, ben on va faire une fête cet après midi'. Toute la semaine, c'est préparé.

C'est hyper préparé quoi! Pour que justement il n'y ai pas de conflits, on n'ai pas de problèmes majeurs, quand il y a des engueulades, on y va. Une personne y va, et puis on essaye de régler ca, on s'assoit, et puis on discute quoi. Et on parle de ce qu'on fait ici, et pourquoi on le fait et tout ca... en disant que ca peut être... et ils comprennent les gens! Et puis bon, ils se calment.

Tout s'arrange car je le leurs dit souvent 'vous avez vu, ils y a plein de personnes agées, il y a plein d'enfants, et tout ca' et ils sont contents, en fait. D'être dans cette communauté là.

Avec les mômes, les petits, quoi, des terreurs aussi ici dans le quartier. Moi, je pense que c'est en les faisant rencontrer des tas d'artistes, d'avoir accès … à être très proches de la scène, souvent dessus, même, avec des artistes et tout ca.. Ils ont changés leurs comportements! Et la où ils cassaient tout, ils essayaient de voler tout ca, ils sont devenus plutôt des alliés!

Autres

Photos faites au sein de l'asso. "Vivre la rue
Rue St Malo 29000 Brest
de 1992 à il y a encore quelques jours...
https://www.flickr.com/photos/jeanmichelbaudry/sets/72157617550445996/
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